
Depuis l’assassinat d’Aboubakar, crime que l’on peut largement imputer aux gouvernants ayant fait de l’islamophobie d’État leur idéologie principale, nous continuons de glisser sur une pente toujours plus réactionnaire. Il devient même difficile de distinguer un macroniste ou un membre du parti Les Républicains de l’extrême droite représentée à l’Assemblée par des partis comme le Rassemblement National, tant la surenchère islamophobe semble être devenue le seul credo de cette droite radicalisée. Cette dérive n’est rien d’autre qu’une diversion orchestrée par un système à bout de souffle, qui cherche à se dédouaner de ses propres responsabilités en exploitant un racisme déjà existant, amplifié par ses relais médiatiques et institutionnels.
La douleur est encore vive, quasiment un mois après l’assassinat d’Aboubakar, fidèle musulman mortellement poignardé à l’intérieur de la mosquée de La Grand-Combe, dans le Gard, dans un crime que l’on peut qualifier d’islamophobe. L’auteur a déversé toute sa haine de l’islam et des musulmans dans cet acte horrible. Cette douleur reste vive, car ce drame est la conséquence directe de l’irresponsabilité de nos dirigeants capitalistes, qui ont allumé la mèche en faisant, depuis des années, des musulmans l’ennemi public numéro un. Une émotion que partage Mariame, qui témoigne :
« Derrière sa mort, c’est l’islamophobie qui se banalise en France. L’islamophobie est normalisée. Au bout d’une heure de télé, on entend parler de musulmans. C’est de plus en plus tendu. On suffoque, c’est banalisé d’être raciste. »
Un sentiment d’insécurité bien réel touche aujourd’hui les musulmans à l’opposé de celui, largement fantasmé, relayé par les médias et les politiques, qui cherchent à inverser le stigmate en faisant passer les musulmans et les racisés pour les principaux vecteurs d’insécurité dans le pays, responsables de tous ses maux. Suite à ce drame, le ministre de l’Intérieur a demandé un renforcement de la sécurité autour des mosquées. Autrement dit, une présence policière accrue près des lieux de culte. Peut-on sérieusement considérer qu’une police gangrenée par le racisme constitue une véritable protection ? Il y a quelques semaines, un haut responsable du ministère de l’Intérieur était lui-même impliqué dans une agression raciste visant l’ancienne animatrice Hapsatou Sy.
Sans parler de la violence policière dans les quartiers populaires et des contrôles au faciès, qui révèlent un racisme latent omniprésent au sein de cette institution. Si ce racisme systémique dépasse le cadre strictement policier, il faut rappeler qu’il s’enracine profondément dans notre société moderne et ne surgit pas de nulle part. Les discriminations, la stigmatisation et les agressions racistes ne sont pas nouvelles : elles prennent, selon les contextes et les époques, différents visages. Aujourd’hui, en Europe, le visage prédominant de ce racisme est l’islamophobie, qui n’est pas simplement une peur irrationnelle de l’islam, comme certains aimeraient le faire croire, mais bien une construction raciste visant en priorité les personnes perçues comme musulmanes : populations maghrébines, arabes, turques, et dans certains cas, les personnes noires, en particulier celles originaires de régions majoritairement musulmanes, comme le Sahel.
Ce phénomène s’est enraciné dans l’histoire contemporaine française, et s’est amplifié depuis la décolonisation, notamment après la guerre d’Algérie. Les anciens colonisés, en particulier les populations d’origine maghrébine, ont souvent été perçus non pas comme des citoyens à part entière, mais comme une main-d’œuvre bon marché, socialement marginalisée, culturellement infériorisée, et politiquement suspecte. Ce passé colonial non digéré a nourri une perception racialisée et hostile des musulmans, transmise de génération en génération. Cette islamophobie structurelle a connu un tournant majeur à la fin des années 1990 et au début des années 2000, avec la montée des discours sécuritaires. La lutte contre le terrorisme notamment après les attentats du 11 septembre 2001, a servi de catalyseur pour légitimer des politiques répressives ciblant en priorité les musulmans, ou ceux perçus comme tels.
C’est dans ce contexte qu’un amalgame toxique s’est construit entre islam, islamisme, salafisme et terrorisme, réduisant une religion plurielle à une menace homogène contre la République. Les mesures d’exception : perquisitions administratives, prolongation de l’état d’urgence et dissolution d’associations musulmanes ou considérées comme telles, à l’instar d’Urgence Palestine sont devenues des outils banalisés d’un appareil d’État qui ne considère plus l’islam comme une composante de la société française, mais comme un corps étranger à surveiller, à encadrer, voire à neutraliser.
Une offensive politico-médiatique islamophobe
Ce discours, relayé par des figures politiques de plus en plus radicalisées, fait de l’identité musulmane un problème en soi. Aujourd’hui, l’idée selon laquelle « l’islam est incompatible avec la République » n’est plus seulement portée par l’extrême droite, mais aussi par une large frange de l’élite politique bourgeoise. Avec un ministre de l’Intérieur comme Bruno Retailleau, qui criait encore il y a quelques semaines « À bas le voile ! », avec l’interdiction du voile dans le sport et voulant même aller jusqu’à l’interdire à l’université, on voit bien que cela va simplement éloigner les femmes musulmanes de l’activité sportive ou du banc de l’université, comme l’explique Yahya :
« Ils ont des fantasmes qui ne se réalisent pas, alors ils les fabriquent eux-mêmes : interdire l’accès au sport aux femmes voilées pour les maintenir dans leur foyer comme de bonnes musulmanes soumises. Leur interdire également l’accès aux facultés pour qu’elles n’aient d’autre moyen d’émancipation financière que de se soumettre à leur mari. Détruire nos pays d’origine pour qu’on n’ait d’autre choix que de perpétuer le Grand Remplacement. C’est constamment la même chose : on nous tape dessus, puis on s’étonne qu’on réagisse. »
On voit que, comme souvent, en plus des personnes racisées, ce sont d’abord les femmes qui sont touchées par ces mesures, qui sont non seulement racistes mais aussi sexistes. Et on ne peut pas dire que ça va en s’améliorant, puisque Gabriel Attal, ex-Premier ministre, a proposé il y a quelques jours d’interdire le voile avant 15 ans. Ce n’est pas comme si, déjà, dans notre société, décider ou non de porter le voile ne relevait pas d’une certaine pression sociale, comme l’explique Samira :
« Aujourd’hui, j’évite de trop porter le voile car je sens que l’ambiance en France est pesante à ce sujet et que les regards sont différents en fonction de si je le porte ou non. »
La stigmatisation est donc déjà un moyen de pression qui empêche les croyants de pratiquer leur foi pleinement, avant même de parler d’une interdiction légale. L’islamophobie d’État ne se limite pas aux discours ou aux violences visibles : elle s’infiltre aussi dans les structures du quotidien, notamment dans le monde du travail. De nombreuses études ont montré que les personnes perçues comme musulmanes subissent des discriminations à l’embauche, parfois simplement à cause de leur prénom, de leur apparence physique ou du port du voile. Une étude de l’Institut Montaigne a révélé qu’un candidat prénommé « Mohamed » a quatre fois moins de chances de recevoir un entretien qu’un « Julien » avec le même CV.
Cette réalité, bien connue des concernés, est rarement reconnue par les pouvoirs publics. À cela s’ajoute une méfiance injustifiée de certains employeurs, qui associent pratiques religieuses (comme la prière ou le jeûne du Ramadan) à une baisse de productivité ou à des « revendications communautaristes ». Ces stéréotypes alimentent un climat d’exclusion et de suspicion permanente, forçant certains à gommer leurs croyances pour espérer s’intégrer dans l’entreprise, ou à renoncer à des opportunités professionnelles.
Le port du voile constitue aussi un facteur d’exclusion massif, en particulier dans le secteur privé. Alors que le principe de neutralité s’applique en théorie à l’État, et non aux individus, il est détourné pour imposer un cadre discriminatoire, empêchant des milliers de femmes voilées d’accéder à l’emploi, à la formation ou à l’émancipation économique. Ces discriminations sont d’autant plus violentes qu’elles sont systémiques, c’est-à-dire intégrées aux rouages mêmes du système économique, éducatif et politique. Selim fait part de son appréhension à ce sujet :
« Si je veux trouver un travail, vais-je devoir éviter de mettre une photo de moi ? Vais-je devoir espérer que les recruteurs ne jettent pas mon CV à la vue de mon nom ? Si je veux porter plainte contre mon employeur, vais-je devoir espérer ne pas tomber sur un policier raciste ? Que les jurés au procès ne me verront pas comme incapable d’être une victime parce que je suis maghrébin ? Le capitalisme est adepte du white privilege, pas du rebeu privilège, et je vais devoir m’adapter à ça, comme le reste de ma communauté, toute ma vie. »
Nous pouvons déjà anticiper qu’ils ne s’arrêteront sans doute pas à ces mesures islamophobes. Puisque l’islamophobie d’État sert de second poumon à la classe politique, il suffit de voir Emmanuel Macron convoquer un conseil de défense extraordinaire pour un simple rapport parlementaire sur les Frères musulmans et leur supposé « entrisme » dans la société française. Ce danger d’« entrisme » des Frères musulmans semble bien moins réel que l’entrisme de l’extrême droite dans nos institutions, que ce soit la police, l’administration, ou même au sein du gouvernement, qui a placé des personnalités comme Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur. Comme l’explique bien Selim, c’est dans la hiérarchie des priorités des gouvernants que se crée l’islamophobie :
« Selon moi, la haine assumée d’un Arabe ou d’un musulman n’est pas la façon dont le gouvernement crée un inconscient islamophobe dans le pays, mais c’est en traitant sérieusement des choses futiles, qui ne devraient pas être une priorité dans notre pays, comme l’abaya à l’école, tout en délaissant des choses importantes. Par exemple, Retailleau qui refuse de rencontrer la famille d’Aboubakar, alors qu’Attal faisait des plateaux télé pour nous parler du retrait de l’abaya, c’est une façon soft de fabriquer un imaginaire islamophobe dans la tête des Français, leur faisant croire qu’il faut davantage s’indigner de voir une petite fille voilée dans la classe de leur enfant que du meurtre de personnes musulmanes. »
Ce climat a largement été alimenté par les médias détenus par les grandes fortunes. Que ce soit par un modèle économique reposant sur le fait divers, les peurs et le ressentiment plutôt que sur l’information de qualité, les médias jouent sur l’émotion, ce qui permet d’attirer une large audience tout en maintenant un sentiment d’insécurité permanent, alimentant sans cesse cette machine infernale. Et c’est ce lien malsain entre insécurité et islam qu’ils ont contribué à créer avec les dirigeants politiques. Emmanuel Macron n’hésitant pas à affirmer qu’il y avait une corrélation entre immigration et délinquance, alors que c’est plutôt la violence sociale et la pauvreté qui engendrent une autre forme de violence dirigée contre la société. Pourquoi serait-il moins grave pour les délinquants en col blanc de piocher dans les caisses de l’État que de commettre un vol à main armée ? Là encore, c’est une question de priorités pour les dirigeants capitalistes et leurs relais médiatiques.
Quand ça n’est pas simplement un choix éditorial qui sert la vision politique d’un milliardaire d’extrême droite, dont le plus fameux représentant en France est Vincent Bolloré. Ayant racheté divers médias comme le groupe Canal+ en 2014, dont la chaîne d’info CNEWS est devenue la nouvelle vitrine du groupe, celle-ci sert désormais d’outil de propagande pour l’extrême droite. Il suffit de regarder cette chaîne une journée pour y voir se déferler une haine sans concession des musulmans et des racisés, au milieu de la désinformation la plus abjecte, avec des chroniqueurs qui, sous couvert de neutralité, nous balancent leur vision ultra-réactionnaire du monde. La chaîne a même eu son propre candidat à la présidentielle : son ancien chroniqueur Éric Zemmour, que la chaîne a porté à bout de bras pour tenter de nous vendre lui et ses discours racistes et réactionnaires.
Ce n’est cependant pas la seule offensive médiatique : le projet Périclès du milliardaire ultra-conservateur Pierre-Édouard Stérin, qui vise à faire gagner l’extrême droite, en dit long sur la mentalité des plus grosses fortunes françaises. Des chaînes comme BFMTV ne sont pas étrangères non plus à la montée de l’extrême droite, quand ce ne sont pas d’autres médias d’extrême droite encore plus assumés. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est bien de savoir qui tire les ficelles derrière ces médias : à savoir les plus grandes fortunes du pays. La plupart de nos médias sont concentrés entre quelques mains ; l’agenda médiatique est donc largement dicté par eux. Ils portent ainsi une grande responsabilité dans la montée de l’islamophobie : ils instrumentalisent le ressentiment de la population en pointant du doigt l’immigré, l’Arabe et les minorités.
L’islamophobie ou comment se construit un racisme
Ce ressentiment populaire, au lieu d’être orienté vers les minorités les plus exposées, devrait se tourner vers ceux qui en sont réellement responsables : une poignée de capitalistes qui, depuis leurs positions de pouvoir, se dédouanent de toute responsabilité tout en désignant les immigrés, les racisés et les musulmans comme boucs émissaires. Depuis leurs bureaux protégés, ils manipulent les tensions sociales pour maintenir leur domination, en exploitant les divisions ethniques, culturelles et religieuses. Mais cette instrumentalisation du racisme n’est pas une invention récente. L’islamophobie actuelle s’inscrit dans une histoire longue de fabrication d’ennemis intérieurs par les institutions politiques et médiatiques. Au siècle dernier, l’antisémitisme institutionnalisé en Europe se manifestait notamment par la figure du « judéo-bolchevik », une construction idéologique qui associait les Juifs à une menace révolutionnaire et subversive pour l’ordre établi. Ce fantasme a alimenté la haine raciale et politique, pavant la voie aux crimes de masse, jusqu’à la Shoah, en instaurant une hiérarchie raciale où Juifs, Tziganes et Slaves étaient considérés comme inférieurs à une prétendue race aryenne.
Aujourd’hui, ce même mécanisme se rejoue à travers l’usage du terme « islamo-gauchisme », qui désigne une alliance fantasmée entre musulmans et militants progressistes, accusée de saper les fondements de la République. Ce discours vise à disqualifier toute solidarité avec les personnes racisées et musulmanes en la rendant suspecte, exactement comme hier on assimilait certains courants politiques à une « menace juive ». La répétition de ce schéma démontre que l’islamophobie contemporaine est le prolongement de logiques racistes déjà bien installées dans l’histoire européenne. Il est d’ailleurs intéressant de constater que même l’antiracisme peut être instrumentalisé. Dans le contexte du génocide en cours à Gaza, l’accusation d’antisémitisme est fréquemment utilisée pour délégitimer toute critique de l’État d’Israël. Les dirigeants israéliens ne se privent pas de recourir à cet argument : dernièrement, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a même qualifié la reconnaissance d’un État palestinien d’acte « antisémite ». Dans le même esprit, des manifestations en soutien à la Palestine ont été interdites sur ce motif.
En France, l’extrême droite s’est emparée, de manière opportuniste, du combat contre l’antisémitisme. Pourtant, toute personne un tant soit peu informée sait que cette posture est hypocrite, au regard du passé du Rassemblement National, fondé par d’anciens Waffen-SS et arborant un symbole inspiré des partis fascistes. Il s’agit en réalité d’un outil de plus pour exprimer sa haine des Arabes et des musulmans, souvent présentés comme des antisémites par essence du fait de leur soutien à la cause palestinienne. Il faut le dire clairement : cette posture ne vise pas à combattre sincèrement l’antisémitisme, mais à renforcer l’islamophobie. Cela ne signifie évidemment pas que l’antisémitisme a disparu. Il existe bel et bien et doit être combattu mais ce que l’on observe aujourd’hui, c’est une instrumentalisation de cette lutte, qui tend à vider le mot de son sens historique pour l’utiliser comme un levier politique servant une autre forme de haine : celle dirigée contre les musulmans et racisés.
Ce schéma de construction raciale s’est reproduit dans d’autres contextes, comme au Rwanda en 1994, où les colonisateurs ont inventé les catégories “Hutus” et “Tutsis” en s’appuyant sur des critères physiques absurdes, élevant les Tutsis au dessus des Hutus dans cette construction purement colonniale. Ce découpage racial arbitraire a préparé le terrain au génocide, où même ceux qui n’étaient pas tutsis furent massacrés sur simple apparence. Cela démontre que les catégories ethniques dominantes ne sont pas naturelles, mais socialement construites et instrumentalisées. L’Europe occidentale elle-même a historiquement exclu des populations aujourd’hui perçues comme “intégrées” dans l’imaginaire blanc européen. Les Italiens, Portugais, Polonais ou encore les Espagnols ont longtemps été perçus comme des travailleurs de seconde zone, ethnicisés et méprisés. Ils étaient exploités pour les tâches les plus ingrates, logés dans des conditions indignes et représentés comme culturellement arriérés. Ce n’est que dans le cadre de la construction politique de l’Union Européenne que ces peuples ont été progressivement “blanchis”, devenant des « bons européens » face aux nouveaux « indésirables » venus du Maghreb, d’Afrique subsaharienne ou du Moyen-Orient.
Prenons l’exemple des Irlandais, souvent oubliés dans cette histoire européenne du racisme. Pendant plusieurs siècles, les Irlandais catholiques furent colonisés, discriminés et caricaturés par les Anglais comme des sauvages, des paresseux ou des criminels. Au XIXe siècle, les journaux britanniques les représentaient sous forme de singes ou d’êtres bestiaux. Lors de la Grande Famine (1845-1852), plus d’un million d’Irlandais moururent dans l’indifférence quasi totale des autorités britanniques. Lorsqu’ils émigrèrent massivement vers les États-Unis ou le Royaume-Uni, ils furent traités comme une menace sociale. Ce n’est qu’avec le temps et l’intégration dans les structures de pouvoir qu’ils ont été “blanchis” dans l’imaginaire collectif, devenant des « vrais Européens » une fois que de nouveaux groupes minoritaires vinrent occuper la place de l’ennemi intérieur.
Nous pourrions conclure en rappelant deux exemples majeurs qui illustrent clairement comment le colonialisme a structuré et légitimé le racisme dans des systèmes entiers. En Afrique du Sud, l’apartheid a été l’aboutissement d’un long processus colonial, institutionnalisant la séparation raciale et la hiérarchisation des populations au profit d’une minorité blanche. Ce système, basé sur une idéologie raciste, a privé la majorité noire de ses droits fondamentaux pendant des décennies. De l’autre côté de l’Atlantique, la lutte des Afro-Américains pour les droits civiques aux États-Unis révèle également à quel point l’histoire coloniale, l’esclavage et la ségrégation raciale ont forgé des structures sociales profondément inégalitaires. Ces combats, encore actuels, rappellent que le racisme n’est pas un phénomène isolé ou spontané, mais bien un produit historique du colonialisme, institutionnalisé par les lois, les pratiques et les représentations sociales, et toujours présent dans les sociétés contemporaines.
Ces nombreux exemples historiques montre bien que la race est une construction sociale mouvante, adaptée aux besoins politiques et économiques du moment. Il ne s’agit pas d’égaliser toutes les formes de racisme, chacune a ses spécificités, mais bien de mettre en lumière une logique commune : créer une hiérarchie artificielle pour justifier l’exploitation ou l’exclusion. Face à cette logique destructrice, il devient urgent de renverser le rapport de force, de dénoncer les véritables responsables : les puissants, les délinquants en col blanc, ceux qui détruisent nos services publics, notre environnement, notre santé physique et mentale. Ce sont eux qui aggravent l’insécurité sociale et nourrissent le chaos.
Pour cela, nous avons besoin d’un mouvement social fort, solidaire et décolonial, capable de créer dès aujourd’hui des espaces alternatifs à ce capitalisme oppressif et aux récits dominants imposés par ceux qui tirent profit de notre division. Car l’objectif est bien de protéger, avant tout, nos camarades les plus exposés à ce climat de haine raciste et islamophobe sans que leur combat ne soit récupéré ou invisibilisé par des personnes qui ne subissent pas ces mêmes formes de domination. Ce sont aux premiers concernés de mener cette lutte, et aux autres d’y apporter un soutien actif, sans prétendre en prendre la tête. Ensemble, nous devons faire tomber les murs bâtis par les constructions raciales, les discriminations systémiques et les frontières artificielles. Il est temps d’imaginer un monde affranchi de toutes les formes d’oppression entretenues par une minorité pour préserver ses privilèges. Un monde dans lequel les catégories raciales imposées par l’histoire coloniale et les rapports de pouvoir n’auront plus de prise, car nous aurons choisi l’égalité, la justice, et la reconnaissance pleine de notre humanité commune.
Merci aux personnes qui ont pris le temps de répondre à mes questions, sans eux la rédaction de cet article n’aurait pas été possible.
source :
https://www.huffingtonpost.fr/france/article/hapsatou-sy-l-animatrice-raconte-l-agression-raciste-qu-elle-a-subie-avec-ses-enfants-a-paris_249897.html
https://www.institutmontaigne.org/publications/discriminations-religieuses-lembauche-une-realite
https://www.liberation.fr/politique/interdiction-du-voile-pour-les-petites-filles-dans-lespace-public-mais-ou-va-gabriel-attal-20250522_UA7GZRWEUJDENPYHNZSXD457QU/
https://www.liberation.fr/societe/police-justice/interdiction-du-voile-a-luniversite-immigration-terrorisme-bruno-retailleau-ressort-toutes-ses-marottes-contre-lislam-politique-20250107_G7KIQFTL3RGE7NLTYH3NIL4524/
https://www.francebleu.fr/infos/societe/freres-musulmans-que-dit-le-rapport-sur-ce-mouvement-religieux-accuse-d-etre-une-menace-pour-la-republique-6650532
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